Préface de « Drôles d’oiseaux »

Pour ce premier roman, tout a commencé avec Victor Farjas…Victor Farjas est un authentique réparateur de cycles, à coup sûr à la retraite aujourd’hui.
Ce charmant monsieur devait s’occuper de la roue à plat de la brouette, ayant moi-même à cette époque d’autres chats à fouetter.
Nous trouvant peut-être sympathiques, il ne nous fit pas payer sa réparation. Il faut dire qu’il ne l’avait pas réparée non plus, cette roue, ou mal, sans doute persuadé que, de toute façon, elle se dégonflerait à nouveau.
Ce qui fut le cas.
Mais peu importait.
Ce jour-là, pour récupérer notre roue, il fallut aller chercher le bonhomme au bistrot d’à côté, celui qui jouxtait son petit atelier.
Un type atypique et adorable… au nom incroyablement romanesque !
Une collecte commença alors. Pas de brouettes, ni de pneus à plat, non. Mais celle d’autres noms, d’autres personnages, glanés de tous côtés, réels la plupart du temps, sans cadre (ni guidon), sans récit autre que celui de leur propre vie, du moins pour ceux qui existaient vraiment, et sans avoir le loisir de les connaître.
Les voici maintenant situés dans une histoire, des histoires étrangères à la leur. Mais si certains sont de vrais noms, toutefois un peu déformés, les autres sont nés de rêveries ou de combinaisons alambiquées.
Ainsi, ce roman est le fruit d’un travail d’imagination, c’est-à-dire déconnecté de toute réalité en lien avec quiconque, ou alors corrélé par effets de coïncidences indépendantes de ma volonté.

Au mois d’août 2020, un déclic que j’attendais depuis des dizaines d’années s’est enfin produit : j’ai trouvé des fins ! Et j’ai pu me mettre à écrire des fictions. Car pour moi, sans chute, impossible de faire le saut.
L’existence d’une fin, préalable à l’acte d’écriture, n’a pas été dans mon cas le parachute qui m’a permis de me lancer.
Mais la certitude qu’il y avait bien un sol pour atterrir.

Il m’arriva ensuite ce qui est censé arriver à tout auteur débutant en matière de récit de fiction : l’écriture de nouvelles. Je pus ainsi donner vie à une bonne partie de ces personnages collectés.
Le robinet étant désormais ouvert, il en plut assez pour envisager une publication. C’était compter sans le couperet des éditeurs tout puissants qui, se dérobant derrière les chiffres (dont ils sont à l’origine), déclarent sans retenue que la nouvelle est un genre littéraire qui n’intéresse plus les clients.
Tiens, tiens… Malgré un format parfaitement adapté à l’époque, aux modes de vie, au rétrécissement des moments de quiétude, au peu de temps consacré à la lecture…

Mais soit.

On connaît par ailleurs le peu, voire l’absence, de chance qu’un manuscrit a d’être publié par un éditeur, petit, moyen ou gros. Il était donc inutile d’ajouter un obstacle via le genre adopté.

D’autres types de cogitations vinrent alors me titiller pour ne pas voir partir à l’égout ce flux de matière littéraire chèrement acquis : comment réunir tous ces personnages ? Quel point commun leur trouver ? Pouvait-il y avoir un fil conducteur pour y parvenir ? En existerait-il au moins un ? Comment rattacher des histoires si différentes ? Fallait-il tout réécrire ? Tout jeter ?

C’est ce que je vous propose de découvrir en lisant ce livre, ce tout premier roman, publié en auto-édition et paru (à dessein) après « le château de Mossot », qui est en fait le deuxième, mais sorti en premier.
J’ai jugé ce désordre chronologique opportun, même si s’en détacher n’altérera en rien la compréhension des récits.

Enfin, il m’est apparu possible d’utiliser le mot “roman” pour parachever la solution imaginée, personnelle et plus ou moins inédite. Car c’est désormais la trame narrative que j’adopte : une série de nouvelles indépendantes dont les principaux protagonistes se retrouvent dans un épilogue. Chaque personnage, ou groupe de personnages, fait donc l’objet d’un chapitre, les récits sont disjoints mais une conclusion se charge de les relier.
Ce schéma propose la légèreté de la nouvelle, associée au ­développement dans la durée, propre au roman.
Puissiez vous avoir la patience d’atteindre ce dénouement.

Et puissent ces drôles d’oiseaux être de haut vol !

Drôles d’oiseaux

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