J’ai hésité à mettre un point d’interrogation derrière le titre.
Fallait-il suggérer le doute ? Non.
Ce n’est donc pas une question mais une affirmation, voire une exclamation !
Il est vrai qu’au départ, les choses devaient se passer autrement et puis ce choix s’est imposé comme une évidence.
Voici pourquoi… avec suspension et points.
Je l’évoque dans un autre article sur ce blog, je connaissais déjà ce chiffre au tout début de mes aventures littéraires (2020) : 1% des manuscrits envoyés aux éditeurs sont publiés. Plus explicite, citons l’autre partie du bazar qui fond (appelons ça un iceberg) : 99% des gens qui envoient des manuscrits ne sont pas publiés. Tout comme la grosse partie de l’iceberg, on ne les voit donc pas.
Alors que voulez-vous, j’étais confiant, sûr de moi, de mon talent, de la conjoncture des astres, aucun désastre, tout était déjà écrit au-delà de mes formats, la victoire en ligne de mire, j’allais faire partie de ces 1 % !
J’ai donc consacré un budget à une première volée vers neuf éditeurs, les plus gros tant qu’à faire. Une volée, cela signifie pour chaque éditeur : un manuscrit format A4, soit 85 pages imprimées recto seul (en l’occurrence « Le château de Mossot »), avec reliure type spirale, une protection rhodoïd sur couverture et un dos cartonné, l’envoi de l’ensemble au parfum La Poste. Budget pour ces neuf éditeurs : en tout 220 € (incluant une enveloppe timbrée pour retour du manuscrit si non retenu).
Réponses standards, négatives évidemment.
Une autre tentative suivra, plus restreinte (seulement quatre éditeurs, conseillés par un libraire de mes relations). Même résultat, mais mention spéciale au Dilettante qui, comme son nom l’indique, m’a fait une réponse complètement à côté de la plaque !
Voir ci-dessous.
MÉDITER SUR L’ÉDITION
Un deuxième constat s’imposait.
Être édité, ça fait rêver… pas tant que ça quand on s’intéresse au problème.
Être édité ne signifie pas forcément vendre beaucoup de livres.
Être édité ne garantit pas de trouver un lectorat.
Côté finances, hormis les maigrelets 5 % de droits d’auteurs palpés sur chaque vente, on découvre une foultitude de métiers intermédiaires – ceci expliquant en partie cela – du genre (et en vrac) secrétaire d’édition, directeur de publication, diffuseur, distributeur, agent, correcteur, relecteur, infographiste… chacun devant être à juste titre rétribué pour que votre bouquin arrive… quelque part ! Mais où ?
Vous avez déjà pris le train, êtes arrivé avec un peu d’avance, avez traîné au point presse de la gare. Non ?
Alors vous êtes déjà allé chez La Kefna, pardon, la Fnac. Ou Decitre, ou Cultura ou l’espace culturel Leclerc du coin. Toujours pas ?
OK, vous avez au moins une fois surfé sur le site des esclavagistes Amazon, à la recherche d’un cadeau, d’une idée, livrés à vous-mêmes ou guidés par le moteur de recherche qui sait tout de vos goûts. Ah ben voilà… il me semblait bien aussi !
Et dans tous ces cas de figure, qu’avez-vous vu en premier ?
Les grosses ventes et les auteurs primés ! Ce sont souvent les mêmes. Tant mieux pour eux. À quoi bon être aigri…
Et, au mieux, chez un libraire « physique », tout en bas d’une pile, ou peut-être rangé là-haut sur le rayon destiné aux basketteurs intellos, une sorte de machin qui ressemble à tous les autres et dont vous ne voyez que la tranche : votre propre livre !
En moyenne, être édité quand on fait partie des 1 % sus-mentionnés, est censé générer chez vous un élan d’euphorie qui, rapidement sera suivi d’un contentement relatif à la statistique suivante : si on vend une centaine d’exemplaires, on ouvre une bouteille de Champomy !
Sans parler du fait que vous vous retrouverez très souvent à faire vous-même le travail censé incomber à votre partenaire : la publicité.
Car ce qu’on souhaite avant tout, c’est être lu !
Évidemment, si on écrit comme on respire, avec ou sans asthme, il est impossible d’en rester là.
Et nous voilà enfin arrivés au sujet de cet article !
COMPTER SUR SOI
Auto-entreprise, édition à compte d’auteur, éditeurs escrocs bien planqués sachant appâter les si nombreuses proies (pensez, 99 % de laissés-pour-compte)… La jungle est épaisse, les espèces variées et envahissantes, on n’y comprend rien.
L’auto-édition, c’est simple : l’auteur est l’éditeur.
Pas besoin de statut juridique. Pas encore.
Mais il est censé déclarer aux impôts les droits d’auteurs perçus.
Le plus souvent, l’auteur travaille avec un partenaire imprimeur. Ce dernier a juste compris qu’un service annexe à ses activités habituelles serait juteux. Il s’en met dans la poche, certes, mais il rend service. Business is business, aussi normal qu’évident, échange de bons procédés, tout le monde est content : 99 % d’auteurs refoulés trouvent enfin une solution !
Pour l’écrivain, il s’agit « juste » de faire le tri. Il y a pas mal d’offre dans le domaine, les services proposés sont assez proches les uns des autres, chaque entité se targue d’avoir dans son catalogue quelques pseudo-best-sellers, vous garantit une visibilité sur les gros sites de vente, des résultats à la hauteur de vos attentes, etc.
Bref, les nuances sont à étudier car c’est la plupart du temps du bluff. En revanche, les coûts de fabrication, eux, ou encore les services inclus dans le partenariat (enfin, ceux qui sont non payants) sont à comparer.
Bon, au bout d’un certain temps, vous avez enfin trouvé votre sauveur…
Si votre manuscrit n’enfreint pas les règles (contenu respectueux), que vous avez réglé les problèmes intermédiaires de préparation de votre document source (étape non négligeable), tout le reste sera pris en charge et deviendra votre joli petit livre ! Il ira se fondre dans une autre quantité faramineuse d’ouvrages. Car on trouve de tout par ici… thérapies rédactionnelles, mémoires, narrations estivales, talents cachés, faiseurs de cadeaux originaux, que sais-je… 99 % d’auteurs refoulés, une bonne partie atterrit ici !
Talent ou pas, ce n’est pas le propos.
FAIRE LA BALANCE
Les plus :
La technique numérique est maintenant aussi bonne (à très peu de choses près) que l’offset. L’impression et la livraison sont à la demande (un seul exemplaire possible, pour l’auteur comme pour l’acheteur), donc aucun stock à gérer. Le prix de fabrication est fixé par le partenaire imprimeur selon les options choisies par l’auteur (format, nombre de pages, etc.) avec remises volumétriques. Le prix de vente est déterminé par l’auteur (à lui d’estimer) et la marge nette ira intégralement dans sa poche (différence entre prix de vente et prix de fabrication). L’auteur se crée son espace sur le site de vente du partenaire imprimeur, il gère ses propres url (un lien pour chaque ouvrage), les clients se connectent, créent leur espace client, remplissent un panier, comme sur n’importe quel site de vente internet. Le partenaire imprimeur se rémunère sur son métier : l’impression (mais voir les « moins » si dessous). L’auto-édition est aussi une méthode qui évite l’absurde mise au pilon des si nombreux invendus, sujet déjà abordé lui aussi dans un autre article.
Les moins :
À part l’impression et toute la logistique prises en charge par le partenaire imprimeur (livraison, comptabilité, envois, statistiques, virements, ce qui est déjà beaucoup), l’auteur doit s’occuper lui-même du reste : la relecture et les corrections, la mise en forme de son manuscrit aux normes d’impression, la communication (publicité). Le partenaire imprimeur propose souvent ce type de services (payants) pour y pallier, mais n’exige aucune exclusivité. Si vous souhaitez sous-traiter à quelqu’un, vous êtes libres de voir ailleurs et de fournir votre document prêt à être imprimé. Bien entendu, tout cela a un coût. Par ailleurs, les adeptes de l’auto-édition sont mal vus des bibliothèques/médiathèques, elles y décèlent l’absence du « filtre », du crédit d’un éditeur, ce qui est vrai ; mais on déplore un manque de nuance de leur part. Les libraires, eux, n’ont pas de place pour les auto-édités, ils sont déjà saturés par l’édition traditionnelle. Il faut donc soi-même trouver ou avoir un lectorat, le développer, l’entretenir (en communiquant), un lectorat qui, lui-même, est surinformé… Autre inconvénient, pour l’acheteur les frais de port s’ajoutent à celui du livre, mais tout compte fait, ça ne diffère pas de tous les sites de vente en ligne ; l’auteur peut d’ailleurs aussi décider de s’en acheter un gros paquet pour les revendre lui-même de la main à la main, auquel cas les frais de port pèsent peu à l’unité. Enfin, comme aux États-Unis, ce procédé favorise la disparition des librairies, même si, indépendants exclus, les libraires sont pour la plupart les faire-valoir des gros éditeurs. Mais s’ils commandent à votre place un livre qu’ils n’auront pas en rayon – comme vous pourriez le faire de chez vous –, ils resteront garants d’un contact humain, devenu de plus en plus rare et de plus en plus précieux.
Dans mon cas, mes vingt années passées dans la communication, tant sur des postes commerciaux que techniques, m’autorisent une autarcie quasi complète. Donc un budget équilibré, les bénéfices couvrant les pertes.
Vous savez presque tout, non ?
Ah oui, j’oubliais… il faut être persévérant.
Mais n’est-ce pas une règle générale dans l’existence des êtres passionnés ?
Bonjour Nicolas,
Je viens de lire avec attention votre article « Pourquoi l’auto-édition », et vos réflexions, très pertinentes confortent ce que je soupçonnais déjà : il est très difficile de mettre un pied dans le monde de l’édition.
Alors la seule solution qui s’impose, pour les passionnés d’écriture est de se tourner vers le monde de l’auto-édition.
Depuis plus d’une dizaine d’années, j’écris de petites nouvelles, et textes poétiques, et maintenant se pose également pour moi la question de l’auto-édition, comme une concrétisation de tout ce travail mis bout à bout, comme un besoin de reconnaissance en quelque sorte. Mais le moment n’est pas complétement anodin, car depuis deux mois je suis à la retraite de l’Éducation Nationale, donc plus de temps devant moi.
Je vous sollicite donc pour un conseil, et fais appel à votre aimable bienveillance. Comment me conseillez vous de pratiquer au sujet du choix d’un site d’auto-édition ?
On trouve tellement d’avis différents, tout et son contraire, bien entendu, que cela semble déconcertant pour un novice.
Votre avancée étant plus significative que la mienne le domaine de l’auto-édiction, et vous plus aguerri que moi, que me conseillez vous en terme d’outils de travail, une fois mes recueils rédigés ?
Je vous remercie pour vos bons conseils, et d’avance je vous souhaite tout le succès que vous méritez,
Bien sincèrement.
Michèle Fadel
Je vous ai adressé un email…